Vénus, j’ai besoin de ton aide, j’ai la mélancolie qui me déborde du gosier

toi Vénus, la planète étoile, toi qui scintilles du matin au soir dans le ciel, aide moi

Gui Gui est mort, Bianca n’est plus là

Vénus, aide moi

la merde, je me commande un demi, j’en ai marre du pastis

On était venu jouer un coup au flipp ensemble, tous les deux, aux Folies, moi et gui gui

on avait sifflé pas mal de pastis, en même temps

il y avait trois gonz, qui étaient venues vers nous, je ne sais pourquoi, mais ce chiffre de trois, je m’en rappelle

et là, ce soir, je suis tout seul

il me manque gui gui

fait chier, je vais verser une larme

fait chier ! pourquoi t’as crevassé gui gui ? pourquoi t’es tombé dans la crevasse ?

je me recommande un pastis, la merde ! ça fait trop mal de repenser à tout ça.

Mais qu’est-ce que je fous à Paris en fait ?

rien, je ne fous rien

c’est cela qui est beau, ne rien foutre

certains ont peur de ne rien foutre, pas moi

trouver la beauté dans le fait de ne rien foutre, je suis un dandy, en quelque sorte

un dandy avec une moustache fine, une chemise à manches courtes mauve et un pantalon de pâtissier, motif pied-de-poule

par contre, mes cheveux gominés, c’est fini, la gomme est partie.

de toute façon, Bianca n’est pas là, aussi je m’en fous (que ma gomme soit parti).

Le Zephyr, la merde ! c’est trop loin. Ce n’est pas loin, mais c’est trop pour ma flemme, suis toujours aux Folies, à Belleville

oui parce qu’à la rue du Jourdain, il y a le Zephyr, un bar

que ce ne soit pas trop loin est une chose, mais c’est surtout que ça monte, pour aller jusque là-bas

aussi, je n’y vais pas, je me recommande un pastis aux Folies (j’ai viré du ricard au pastis)

j’ai posé mon livre de Jean Genet sur le comptoir, bien en évidence.

Ecouter le bruit immobile est écouter sa propre conscience.

Ressentir les ondes du vent solaire est ressentir l’indéfinissable.

Peu importe de marcher dans un sens ou dans un autre, ce qu’il faut, c’est marcher, marcher dans son sens, celui de son choix

marcher à l’envers, de travers, à côté, sur la ligne, mais marcher de par son choix, son anchois.

Celui ou celle qui réussira à fixer le soleil, le plein soleil, les yeux grands ouverts, touchera à une certaine forme d’éternité

l’éternité vers la lumière .

L’attraction au sol est la chose de l’être humain

il nous est impossible de s’en détacher, de manière naturelle

certains ont essayé

voler ! voler !

oui mais, voler pour quoi faire ? quoi faire de plus ?

voler pour toucher le ciel de ses mains ?

c’est impossible

voler pour fuir l’attraction ?

on ne peut pas

voler pour tendre vers la liberté ?

 la liberté est ici, en bas, au sol, il faut juste se la créer soi-même.

Comme la boule dans le flipper, notre vie n’est faite que de va-et-vient

et comme elle, on se cogne dans des recoins

le mot perpétuel, il faut l’assumer

quitte à tendre vers la perpétuité, autant que cela soit en mouvement

le va-et-vient perpétuel.